L’amidon et la digestion des chevaux : un guide complet

L'amidon, un polysaccharide complexe composé d'amylose et d'amylopectine, est une source d'énergie majeure pour les chevaux. Présent dans de nombreux aliments, il joue un rôle crucial dans leur métabolisme énergétique, mais sa digestion spécifique chez l'équidé nécessite une attention particulière pour garantir une santé optimale et des performances sportives au top.

Contrairement aux ruminants, le cheval est un monogastrique, c'est-à-dire qu'il ne possède qu'un seul estomac de petite taille. Cette particularité, combinée à un gros intestin très développé (caecum et côlon), façonne la manière dont il digère l'amidon, avec des conséquences significatives sur sa santé digestive et son bien-être.

Sources d'amidon dans l'alimentation du cheval

Les principales sources d'amidon dans l'alimentation équine sont les céréales. L'avoine, largement utilisée, contient environ 55 à 60% d'amidon. Le maïs, souvent incorporé dans les aliments composés, en contient entre 68 et 72%. Le blé, moins fréquemment utilisé pur, affiche une teneur en amidon similaire à l'avoine (55 à 60%). L'orge, quant à elle, apporte entre 65 et 70% d'amidon. Il est important de noter que ces valeurs peuvent varier selon la variété, les conditions de culture et le traitement post-récolte.

Les sous-produits de la céréaliculture, comme le son d'avoine (10 à 15% d'amidon) et la drêche de bière (environ 5 à 10%), apportent également une certaine quantité d'amidon, mais généralement moins digestible que celui des grains entiers. La digestibilité de l'amidon dépend aussi de la structure de l'amidon lui-même (rapport amylose/amylopectine) et de son traitement (cuisson, extrusion). Un amidon cuit est plus facilement accessible aux enzymes digestives qu'un amidon cru.

  • Avoine: 55-60% d'amidon (digestibilité modérée)
  • Maïs: 68-72% d'amidon (digestibilité rapide)
  • Blé: 55-60% d'amidon (digestibilité modérée)
  • Orge: 65-70% d'amidon (digestibilité rapide)
  • Son d'avoine: 10-15% d'amidon (digestibilité lente)
  • Drêche de bière: 5-10% d'amidon (digestibilité lente)

La digestion de l'amidon chez le cheval : un système digestif spécialisé

Le système digestif du cheval est unique. Son petit estomac ne représente qu'une faible partie de son système digestif global, contrairement aux ruminants. La majeure partie de la digestion et de la fermentation se déroule dans le gros intestin, qui inclut le caecum et le colon, représentant environ 60% du volume total du tube digestif. Cette anatomie particulière a des implications directes sur la digestion de l'amidon.

Digestion dans l'intestin grêle : une étape limitée

La digestion enzymatique de l'amidon commence dans la bouche, avec l'amylase salivaire, mais son action reste limitée. La plus grande partie de la digestion de l'amidon a lieu dans l'intestin grêle grâce à l'amylase pancréatique qui hydrolyse l'amidon en maltose, puis en glucose. Cependant, cette phase reste relativement courte et incomplète chez le cheval. Seulement une partie de l'amidon ingéré est digérée dans cette partie du tractus digestif.

La capacité limitée de l'intestin grêle à digérer l'amidon explique l'importance de la fermentation dans le gros intestin pour l'extraction de l'énergie contenue dans les glucides.

Fermentation dans le gros intestin : le rôle clé de la microflore

La plus grande partie de l'amidon qui n'a pas été digérée dans l'intestin grêle atteint le caecum et le colon. Dans cet environnement anaérobie (absence d'oxygène), une flore microbienne extrêmement diversifiée et active intervient. Ces micro-organismes fermentent l'amidon, produisant des acides gras volatils (AGV), notamment l'acide acétique, l'acide propionique et l'acide butyrique. Ces AGV sont absorbés dans la paroi du gros intestin et représentent une source importante d'énergie pour le cheval. Ce processus de fermentation produit aussi du dioxyde de carbone et du méthane.

L'équilibre de cette flore microbienne est crucial. Un apport excessif et rapide d'amidon facilement digestible peut perturber cet équilibre, favorisant la production d'acide lactique, entraînant une acidose lactique, avec des conséquences néfastes sur la santé du cheval.

Facteurs influençant la digestion de l'amidon

La digestion de l'amidon chez le cheval est influencée par plusieurs facteurs interdépendants. La taille des particules de l'aliment est essentielle: un amidon finement broyé est plus facilement accessible aux enzymes digestives et à la microflore du gros intestin. Un amidon en particules plus grosses, notamment dans le cas d'aliments non traités, transitera plus rapidement, diminuant ainsi l'efficacité de sa digestion.

Le type d'amidon (rapport amylose/amylopectine) influence aussi sa vitesse de digestion. L'amylopectine, structure ramifiée, est digérée plus rapidement que l'amylose, structure linéaire. Le traitement de l'aliment (cuisson, extrusion) modifie la structure de l'amidon et par conséquent sa digestibilité. Enfin, l'état de santé du cheval joue un rôle, notamment au niveau de la production d'enzymes pancréatiques et de la composition de sa flore intestinale.

  • Taille des particules: Un amidon finement broyé est mieux digéré.
  • Type d'amidon: L'amylopectine est digérée plus rapidement que l'amylose.
  • Traitement thermique: La cuisson améliore la digestibilité de l'amidon.
  • Apport en fibres: Des fibres suffisantes modèrent la vitesse de fermentation.
  • Etat de santé: Une bonne santé intestinale est indispensable pour une bonne digestion.

Conséquences d'une mauvaise digestion de l'amidon

Une surcharge en amidon facilement digestible ou une mauvaise gestion de l'alimentation peut engendrer des conséquences graves sur la santé du cheval.

Troubles digestifs: un risque accru de coliques et de laminite

Un apport excessif et rapide d'amidon, notamment de maïs ou d'orge, peut provoquer une acidose lactique dans le gros intestin. Cette acidification excessive perturbe la flore microbienne, entraînant des désordres métaboliques, des douleurs abdominales (coliques) et une inflammation. Dans les cas graves, cela peut conduire à une laminite, une affection très douloureuse affectant les tissus supportant le sabot, pouvant occasionner des boiteries chroniques. La laminite est une complication potentiellement grave et débilitante pour le cheval.

Des études montrent que jusqu'à 70% des cas de coliques sont liés à des déséquilibres nutritionnels, notamment à une gestion inadéquate de l'amidon. Une alimentation riche en amidon facilement digestible augmente le risque de développer des troubles digestifs.

Impact sur les performances sportives : énergie et endurance

Une bonne digestion de l'amidon est essentielle aux performances sportives du cheval. Une alimentation riche en amidon de haute qualité, digérée de manière efficace, fournit l'énergie nécessaire à l'effort physique. Inversement, une mauvaise digestion, avec une production excessive d'acide lactique, entraîne une fatigue prématurée, une baisse de performance et une sensibilité accrue aux blessures.

Une gestion appropriée de l'apport en amidon, en fonction de l'intensité et de la durée de l'effort, est donc capitale pour les chevaux de sport.

Recommandations pour une gestion optimale de l'amidon dans l'alimentation du cheval

Pour assurer une bonne santé digestive et des performances optimales, il est crucial de gérer l'apport en amidon avec soin.

Choix des aliments : privilégier la qualité et la digestibilité

Privilégiez les aliments riches en amidon de haute qualité, facilement digestible. L'avoine, par exemple, est souvent préférée au maïs pour sa digestibilité plus progressive. Varier les sources d'amidon peut également contribuer à un meilleur équilibre de la flore intestinale.

Gestion des rations : fréquence et quantité

Répartir l'apport en amidon tout au long de la journée en plusieurs petits repas plutôt qu'un seul gros repas, est recommandé. Ceci permet de limiter les pics de production d'acide lactique et de maintenir un équilibre dans le gros intestin. L'adaptation de la quantité d'amidon au niveau d'activité du cheval est également essentielle.

Un cheval au repos aura des besoins en amidon inférieurs à ceux d'un cheval de sport intense. Il est essentiel d'adapter les rations aux besoins énergétiques individuels de chaque cheval.

Importance d'une alimentation équilibrée : fibres et hydratation

Une alimentation équilibrée associe un apport modéré d'amidon à une quantité suffisante de fibres. Les fibres, présentes dans le foin et autres fourrages, contribuent à réguler le transit intestinal, à modérer la vitesse de fermentation de l'amidon et à maintenir un équilibre de la flore microbienne. Une hydratation adéquate est également essentielle. Un cheval adulte doit boire au minimum 40 à 50 litres d'eau par jour pour une bonne dilution des produits de fermentation dans le gros intestin.

Un apport en eau suffisant est essentiel pour prévenir les déshydratations, souvent associées à des troubles digestifs. L'eau permet de réguler le pH intestinal, contribuant à minimiser le risque d'acidose.

Surveillance de la santé digestive : signes à surveiller

Une surveillance régulière de la santé digestive du cheval est indispensable. Soyez attentifs aux signes de troubles digestifs tels que coliques, changements d'appétit, variations des selles (diarrhée, constipation), boiteries inexpliquées (suspicion de laminite). En cas de doute, consultez immédiatement un vétérinaire spécialisé en médecine équine.