Ulcère chez les chevaux : prévention par une bonne nutrition

Les ulcères gastriques équins (UGE) constituent un problème de santé majeur affectant un nombre important de chevaux, estimé à plus de 80% chez les chevaux de sport selon certaines études (source à ajouter ici une fois l'article enrichi). Ces lésions de la muqueuse gastrique impactent négativement le bien-être, les performances sportives et la santé générale du cheval. Une nutrition appropriée est un pilier fondamental dans la prévention et la gestion des UGE.

Le système digestif équine, avec son estomac relativement petit et son processus digestif unique, est particulièrement vulnérable. La production d'acide chlorhydrique, essentielle à la digestion, peut, si elle n'est pas correctement équilibrée, endommager la muqueuse gastrique. Une alimentation inadaptée exacerbe ce risque, rendant la prévention par une nutrition optimisée d'autant plus importante.

Facteurs nutritionnels contribuant aux ulcères gastriques équins

Plusieurs aspects du régime alimentaire peuvent favoriser le développement d'ulcères gastriques chez le cheval. L'équilibre entre les différents nutriments, la fréquence des repas et la qualité des aliments sont autant de facteurs à considérer. Un régime déséquilibré, caractérisé par une faible teneur en fibres, un excès de concentrés, ou des périodes de jeûne prolongées, représente un risque significatif.

Régime pauvre en fibres: un déséquilibre acide-base

Un apport insuffisant en fibres brutes perturbe la régulation du pH gastrique. Les fibres, issues du foin de bonne qualité, de la paille et de l’herbe de pâturage, stimulent la mastication prolongée, augmentant la production de salive. Cette salive agit comme un tampon naturel, neutralisant l'acidité. Un foin de mauvaise qualité, trop sec, poussiéreux ou contenant des moisissures, ne procure pas les fibres nécessaires. Une alimentation riche en foin de bonne qualité représente la base d'une prévention efficace contre les ulcères. On recommande généralement au minimum 1,5% du poids vif du cheval en foin par jour.

Excès de concentrés: acidité et transit rapide

Les régimes riches en concentrés, comme l'orge, le maïs, l'avoine et les mélanges de céréales, entraînent une augmentation significative de l'acidité gastrique. Le transit rapide des aliments concentrés laisse peu de temps à la neutralisation de l'acide par la salive. L'administration de concentrés doit être fractionnée en plusieurs petits repas pour limiter la surcharge gastrique. Par exemple, un cheval de 500 kg travaillant modérément ne devrait pas recevoir plus de 2 à 3 kg de concentrés par jour, distribués en au moins 3 repas. Une mauvaise digestion des concentrés peut aussi conduire à la fermentation dans le gros intestin ce qui provoque des troubles métaboliques et peut aggraver le problème.

Périodes de jeûne prolongé: une agression pour la muqueuse

Les périodes de jeûne, même courtes, augmentent l'acidité gastrique et exposent la muqueuse à des dommages. Chez les chevaux de compétition ou pendant les transports, les périodes de jeûne sont fréquentes et peuvent être un facteur déclenchant ou aggravant des UGE. L’absence de nourriture et la réduction de la production de salive accentuent le phénomène. Il est essentiel de prévoir des rations plus fréquentes, même si elles sont moins importantes, pour minimiser les périodes de jeûne. Un accès permanent au foin, même pendant le transport, est une mesure de prévention très importante.

Manque d'eau: déshydratation et acidité

L'eau joue un rôle crucial dans la dilution de l'acidité gastrique. Une déshydratation, même légère, concentre les acides et favorise l'irritation de la muqueuse. L'accès permanent à de l'eau propre et fraîche est indispensable. Un cheval adulte doit boire entre 40 et 60 litres d’eau par jour, selon son activité, la température ambiante et la qualité du fourrage. Une surveillance régulière de la consommation d’eau permet de détecter rapidement toute anomalie.

Aliments irritants: effets nocifs directs

Certains aliments peuvent irriter directement la muqueuse gastrique. Les aliments très acides (fruits acides, certains aliments fermentés), riches en amidon facilement digestible ou contenant des additifs irritants, doivent être limités ou exclus du régime alimentaire. Une alimentation équilibrée et de qualité est primordiale pour éviter l'irritation de la muqueuse gastrique sensible.

  • Aliments à éviter ou limiter: Fruits très acides (pommes vertes, oranges), céréales à digestion rapide, aliments riches en sucre, aliments contaminés.
  • Aliments à privilégier: Foin de bonne qualité, herbe de pâturage, céréales à digestion lente (avoine).

Stratégies nutritionnelles pour la prévention des ulcères gastriques

La prévention des UGE repose sur une approche nutritionnelle rigoureuse. L’objectif est de maintenir un pH gastrique optimal, de favoriser une mastication prolongée et de réduire l’acidité. Des stratégies simples, mais efficaces, peuvent être mises en place.

Optimisation de l'apport en fibres: la clé de voûte

Fournir une quantité suffisante de fibres de haute qualité est essentiel. Choisissez un foin de bonne qualité, vert et odorant, pauvre en poussière et en moisissures. La quantité de foin doit être au minimum de 1,5% du poids vif du cheval par jour, et idéalement plus si le cheval est en travail. L’accès libre au foin est une pratique largement recommandée pour stimuler la mastication et la production de salive. L’herbe de pâturage, en quantité suffisante et de bonne qualité, est une excellente source de fibres.

Gestion des concentrés: petits repas fréquents

Distribuez les concentrés en plusieurs petits repas (3 à 5) tout au long de la journée pour éviter les surcharges gastriques. Privilégiez les céréales à faible indice glycémique comme l'avoine, en limitant la quantité journalière. Des compléments alimentaires spécifiques, comme les prébiotiques et les probiotiques, peuvent améliorer la digestion et la santé du microbiote intestinal. Cependant, il est primordial de consulter un vétérinaire pour le choix et l'utilisation de compléments alimentaires.

Gestion des périodes de jeûne: réduire l’exposition à l’acidité

Réduisez au maximum les périodes de jeûne. Proposez des collations régulières, notamment avant et après l’effort physique, sous forme de foin ou de petits repas de concentrés. L'accès constant à de l'eau et du foin, même pendant le transport, est une mesure de prévention cruciale. En compétition, des stratégies de nourrissage spécifiques peuvent être nécessaires en consultation avec un vétérinaire.

Hydratation optimale: un facteur souvent négligé

Assurez un accès permanent à une eau propre et fraîche. Surveillez attentivement la consommation d'eau, car elle peut varier selon les conditions climatiques, l'intensité de l'effort physique et l'état de santé du cheval. Une déshydratation, même légère, peut aggraver les lésions gastriques. En cas de doute, consultez un vétérinaire.

Intégration d'aliments protecteurs: soutien à la muqueuse

Certains compléments alimentaires peuvent protéger la muqueuse gastrique et réduire l’acidité. L'huile de lin, riche en acides gras oméga-3, possède des propriétés anti-inflammatoires. La levure de bière contribue à améliorer la digestion et la santé du microbiote intestinal. Les produits à base de réglisse, utilisés avec précaution et sous surveillance vétérinaire, peuvent soulager l’inflammation. Il est important de rappeler qu'une consultation vétérinaire préalable est indispensable avant l'utilisation de tout complément alimentaire.

  • Conseils pratiques: Adaptez le régime alimentaire aux besoins énergétiques et à l’activité physique de votre cheval.
  • Surveillance régulière: Observez attentivement le comportement de votre cheval et signalez tout signe d’anomalie à votre vétérinaire (perte d’appétit, changement de comportement, etc.).
  • Consultations vétérinaires: Des examens vétérinaires réguliers permettront de dépister les problèmes avant qu’ils ne deviennent graves.

Autres facteurs de risque et interactions avec la nutrition

Outre les facteurs nutritionnels, d'autres éléments peuvent influencer le risque d'ulcères gastriques. Le stress, certains médicaments et une prédisposition génétique sont autant de facteurs à considérer dans une approche globale de prévention.

Stress: un impact physiologique

Le stress chronique, lié à des conditions de vie inadéquates, à une gestion intensive ou à des compétitions intenses, augmente la production d'acide gastrique et affaiblit le système immunitaire. Une gestion du stress appropriée, incluant un environnement calme et sécurisant, est essentielle. Des techniques de relaxation équine peuvent être envisagées dans certains cas.

Médication: effets secondaires potentiels

Certains médicaments, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), peuvent irriter la muqueuse gastrique et augmenter le risque d'ulcères. Une discussion avec le vétérinaire est indispensable pour évaluer les risques et envisager des alternatives. Le vétérinaire pourra vous conseiller sur les médicaments appropriés et sur la manière de minimiser les risques d’effets secondaires.

Génétique et prédisposition: facteurs individuels

Une prédisposition génétique peut rendre certains chevaux plus susceptibles de développer des ulcères gastriques. Même en présence d’une prédisposition génétique, une alimentation adéquate et une gestion du stress optimale peuvent réduire significativement le risque. L’alimentation joue un rôle majeur, quel que soit le profil génétique du cheval.

La prévention des ulcères gastriques équins exige une approche globale. Une nutrition adaptée, une gestion optimale du stress et une surveillance attentive de la santé du cheval, couplées à des consultations régulières chez le vétérinaire, contribuent à réduire significativement le risque et à assurer le bien-être de l'animal. N'hésitez pas à vous renseigner auprès de professionnels de la santé équine pour un accompagnement personnalisé.